đź“– AVANT-GOĂ›T – POCKET BOOK ÉPISODE 1 : LES OPIOĂŹDES EN ANESTHÉSIE

En anesthĂ©sie, la gestion de la douleur est un art autant qu’une science. Un opioĂŻde mal choisi, mal dosĂ© ou mal anticipĂ© peut transformer une prise en charge fluide en un vĂ©ritable casse-tĂŞte. Fentanyl, morphine, pĂ©thidine… Chaque produit a ses forces, ses limites, ses pièges.

Dans nos blocs, ces molĂ©cules sont nos alliĂ©es quotidiennes. Pourtant, leur utilisation demande rigueur et discernement. Face Ă  un patient en souffrance, la question n’est jamais simplement "Quel opioĂŻde donner ?", mais "Pourquoi celui-ci et pas un autre ?"

FENTANYL : LE PILIER DU BLOC OPÉRATOIRE

💉 Action rapide, courte durée, stabilité hémodynamique.

C’est l’agent clĂ© de nos inductions et maintiens anesthĂ©siques. Avec une puissance 100 fois supĂ©rieure Ă  la morphine, il permet un contrĂ´le prĂ©cis de la douleur peropĂ©ratoire sans rĂ©sidu prolongĂ©.

✅ Pourquoi l’utiliser ?

  • IdĂ©al pour l’analgĂ©sie peropĂ©ratoire en chirurgie de courte ou moyenne durĂ©e.
  • Stable hĂ©modynamiquement : pas d’effet direct sur la pression artĂ©rielle.

⚠️ Ă€ surveiller :

  • Accumulation en perfusion prolongĂ©e : demi-vie contextuelle qui s’allonge.
  • DĂ©pression respiratoire si doses excessives, surtout chez les patients fragiles.

MORPHINE : L’INCONTOURNABLE DU POSTOPÉRATOIRE

💉 Analgésie prolongée, action retardée mais profonde.

En sortie de bloc, la morphine est souvent le choix privilégié. Son effet retardé (15-30 min IV, pic à 1h) demande une titration minutieuse pour éviter les surdosages.

✅ Pourquoi l’utiliser ?

  • Douleurs postopĂ©ratoires intenses nĂ©cessitant une analgĂ©sie prolongĂ©e.
  • Administration titrĂ©e IV en SSPI (1-2 mg toutes les 5 min selon l’effet).
  • PossibilitĂ© de relais en PCA ou en per os pour la suite de la prise en charge.

⚠️ Ă€ surveiller :

  • DĂ©pression respiratoire retardĂ©e, surtout en cas d’insuffisance rĂ©nale (accumulation du mĂ©tabolite actif).
  • Hypotension et prurit (effet histaminolibĂ©rateur).
  • Risque de rĂ©tention urinaire en post-opĂ©ratoire.

PÉTHIDINE : L’OPIOĂŹDE DES MAĂŽTRES… ET DES CAS PARTICULIERS

đź’‰ Moins puissante que la morphine, mais parfois plus efficace dans certaines douleurs.

Aujourd’hui moins utilisĂ©e, la pĂ©thidine garde pourtant sa place dans certains contextes. Certains maĂ®tres anesthĂ©sistes continuent Ă  l’utiliser, notamment lorsqu’un patient semble mal rĂ©pondre Ă  la morphine.

✅ Pourquoi l’utiliser ?

  • Douleurs rebelles malgrĂ© la morphine, notamment coliques ou spasmodiques (effet anticholinergique).
  • Alternative possible en cas d’intolĂ©rance aux autres morphiniques.

⚠️ Ă€ surveiller :

  • ToxicitĂ© neurologique (norpĂ©thidine) en cas d’accumulation (Ă©viter en insuffisance rĂ©nale).
  • Effet tachycardisant par blocage de la recapture de la noradrĂ©naline.
  • Risque de convulsions Ă  forte dose.

ADAPTER SON CHOIX AU PATIENT

  1. Chirurgie majeure, douleur postopératoire attendue ? Morphine en titration puis relais PCA ou per os.
  2. Intervention courte avec besoin d’une analgĂ©sie immĂ©diate ? Fentanyl peropĂ©ratoire, relais multimodal.
  3. Douleur intense, mal contrôlée par la morphine ? Essai de péthidine si le contexte le permet.

Chaque dĂ©cision doit ĂŞtre rĂ©flĂ©chie. L’analgĂ©sie n’est pas qu’une question de molĂ©cule, mais d’anticipation et d’adaptation.


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